Kit premier secours et stéthoscope

Soigner sa famille sur l’eau, au quotidien

Vivre en bateau, c’est apprendre à être plus autonome… y compris pour la santé. Lorsqu’un médecin ou une pharmacie ne sont pas accessibles à moins de quelques heures de navigation ou de trajet terrestre, il faut pouvoir se soigner en bateau avec ce qu’on a à bord.

Dans cet article, je te partage notre approche concrète : entre formation, trousse médicale complète, et usage quotidien des remèdes naturels, tu verras qu’il est tout à fait possible de naviguer en sécurité, à condition d’être bien préparé.


Se former pour être prêt : notre expérience de la formation « Médicale grande croisière »

Avant de partir, nous avons suivi une formation de deux jours intitulée Médicale grande croisière avec le centre de formation Escale Formation Technique situé à Rezé, près de Nantes.

Ces deux jours intenses nous ont donné les bases pour savoir réagir en cas d’urgence, mais aussi pour gérer les petits soucis du quotidien. En bref, tout ce qu’il faut pour se soigner en bateau sans paniquer.

On y a appris :

  • comment effectuer un bilan vital et à communiquer les symptômes à une autorité médicale
  • à réaliser les premiers gestes d’urgence face à une urgence vitale
  • à prendre en charge une brûlure, une hémorragie ou une plaie
  • à faire des injections intramusculaires ou sous-cutanées
  • à faire une attelle en résine en cas de fracture
  • à préparer une pharmacie de bord hauturière

Ce n’est pas une formation de médecin, bien sûr, mais elle nous a donné les bons réflexes et surtout… la confiance.

Suture sur pied de cochon

On a même appris à faire une suture sur un pied de cochon!

Quand on part à l’aventure loin de tout, une telle formation médicale est presque indispensable. C’est encore plus vrai quand on part avec des enfants !


Notre pharmacie de bord : ce qu’elle contient et pourquoi

Grâce à cette formation, nous sommes repartis avec une liste complète de médicaments et de matériel médical à embarquer pour pouvoir se soigner en bateau.

Malheureusement, le médecin qui nous a fait la formation ne pouvait pas nous prescrire ces médicaments ! C’est pourquoi il nous a renvoyé vers notre médecin de famille, en Alsace.

C’est donc ce que nous avons fait ! Un rendez-vous était pris dans les jours suivants.

Le jour du rendez-vous arrivé, on se prépare et on y va, notre (énorme) liste de médicament en poche.

Comme on s’en doutait un peu, l’accueil du médecin fût plutôt mitigé lorsqu’on lui a présenté cette fameuse liste (qui allait des pansements… à la morphine!)
Et bien oui, il n’avait jamais reçu une telle demande ! Imagine un couple qui débarque (en Alsace qui plus est), et qui te dit :

« Hey Doc! On part autour du monde en bateau en famille, il nous faudrait une ordonnance pour TOUT ÇA ! « 

Ça aurait pu faire une caméra-cachée 😅 !
Je ne te cache pas qu’il nous aura fallu plusieurs rendez-vous pour que le docteur nous prescrive presque toute la liste de médicaments.

Comme la liste était vraiment énorme, on a essayé de sélectionner et demander seulement ce qui nous concernait le plus. Il fallait également certains médicaments en double pour avoir les dosages adultes et enfants.

La seconde étape – la pharmacie – fût également une autre épreuve. On a encore une fois eu droit aux gros yeux étonnés lorsque nous avons présenté notre ordonnance à rallonge. Mais au final, nous avons eu ces médocs !

Résultat : nous avons une vraie pharmacie marine à bord, bien rangée et protégée dans l’endroit le moins chaud du bateau (il est impossible de garder cette pharmacie à moins de 25°C tout le temps, alors on fait au mieux 🤷‍♀️)

C’était très étrange de préparer ce gros sac de médicaments, nous qui n’en prenions que très rarement en tant que terriens ! Mais très rassurant d’avoir tout ça à bord en cas d’urgence !

Trousse de premier secours

 Voilà ce qu’elle contient, entre autres :

  • Antibiotiques (prescrits à l’avance, à n’utiliser que après avoir eu un contact avec un médecin)
  • Antidouleurs (paracétamol, ibuprofène, codéine, et même quelques comprimés de morphine)
  • Antihistaminiques (allergies, piqûres)
  • Antidiarrhéiques / antiémétiques (tourista, mal de mer)
  • Produits antiseptiques (bétadine, alcool, compresses)
  • Matériel de base : seringues, ciseaux, gants, thermomètre, sutures adhésives, collier cervical, etc.
  • Nous avons aussi un manuel de médecine en mer à bord, que nous consultons au moindre doute.

Conserver cette pharmacie demande de l’attention : il faut la protéger au maximum de la chaleur et de l’humidité, et tout ce qu’elle contient est listé pour avoir un suivi.

Chez nous, les seules choses qui manquent parfois sont les antidouleurs. Attention je parle bien de paracétamol et d’ibuprofène, les antidouleurs de pallier 1, et non de médicaments plus fort !

La morphine par exemple, a un traitement particulier. La boîte doit être de préférence scellée (chez nous elle est sous vide), et avec l’ordonnance à côté. Elle est réservée en cas d’urgence grave, en pleine mer et après un contact avec un médecin à terre. Cela permet de soulager le temps d’attendre les secours. Heureusement que chez nous, la boîte est toujours scellée ! Espérons que ça dure !

Une expérience marquante : la dengue en famille

Pendant notre arrêt d’une année scolaire en Martinique, on a tous eu la dengue, qui est une maladie transmise par un moustique infecté.

On était bien contents de pouvoir aller chez le docteur : même s’il ne pouvait pas faire grand-chose à part prescrire du Doliprane, on savait au moins ce qu’on avait.

La dengue, ce n’est pas une petite grippe tropicale : c’est de la fièvre intense, des douleurs dans le corps, une fatigue qui cloue au lit, et plus aucun appétit.

Pendant plusieurs jours, on a juste attendu que ça passe, en comptant sur le repos et une dose de Doliprane toutes les 4 heures. Ça aide un peu mais tu es quand même pas bien du tout !

C’est dur de voir ses enfants avec autant de fièvre si longtemps. J’ai passé plusieurs nuits à me lever pour leur donner un médicament et leur mettre une serviette mouillée sur le front pour faire baisser la fièvre.

👉N’oublie surtout pas de prendre un anti-moustique dans ta pharmacie, conseil d’ami !

L’importance de la formation

Dans tous les cas, je te recommande vraiment de te former un minimum pour apprendre à se soigner en bateau ! On est jamais à l’abri d’un pépin et avoir les bases, c’est important.

Si tu n’as pas envie de suivre une formation et de préparer ta pharmacie de bord toi-même, il y a la possibilité d’acheter ta pharmacie toute prête selon ton programme de voyage, mais cela reste assez coûteux.


Les remèdes naturels qu’on utilise tous les jours

Même si notre pharmacie est prête pour les cas plus sérieux, au quotidien, ce sont les soins naturels qui dominent.

Pourquoi ?

Parce qu’ils sont simples, efficaces, peu encombrants et qu’ils correspondent à notre mode de vie minimaliste.

Nos huiles essentielles indispensables

Voici celles que nous utilisons le plus à bord, avec leurs usages principaux :

  • Tea tree (arbre à thé) : antiseptique, boutons, plaies superficielles
  • Lavande vraie : brûlures, piqûres, apaisement, stress
  • Menthe poivrée : nausées, migraines, mal des transports
  • Ravintsara : soutien immunitaire, début de rhume
  • Eucalyptus radié : toux, encombrement bronchique
  • Gingembre : mal de mer
Flacons d'huiles essentielles

J’ai suivi une formation sur les huiles essentielles et j’en suis passionnée !
Je prépare des mélanges pour tous les petits maux du quotidien et pour toute la famille.
Elles sont conservées dans une grande boîte (oui j’en ai beaucoup😉) à côté de la pharmacie de bord.

On les utilise en friction, inhalation, massage, parfois en diffusion. Une goutte suffit souvent, et je respecte toujours les précautions d’usage que j’ai apprises (dosage et contre-indication pour les enfants, pas d’exposition au soleil après certaines huiles, etc.).

Nos tisanes médicinales

Nous utilisons également quelques plantes en vrac ou en sachets :

  • Tisane digestion : troubles digestifs
  • Tisane refroidissement : état grippal
  • Thym : antiseptique respiratoire
  • Verveine : relaxation

Ces infusions remplacent souvent les petits traitements chimiques, et apportent une aide précieuse quand on ne se sent pas bien, ou simplement pour une pause bien-être.

Tisane

Vitamines et compléments

Bien que nous faisons le plein de soleil (et de bonheur), nous complétons cela avec :

  • Vitamine D (en Méditerranée mais plus du tout dans les Caraïbes, où le soleil brille tout le temps !)
  • Magnésium (stress, fatigue musculaire)
  • Multivitamines en cure (pour les enfants et les adultes)
  • Vitamine C (pour renforcer l’immunité)

Ce qu’on fait en cas de souci : notre protocole

En bateau, il faut pouvoir réagir vite et évaluer correctement la gravité d’un problème.

Bien qu’on n’a jamais eu de problème grave en pleine mer et que notre pharmacie n’a pas été beaucoup sollicitée, il vaut mieux prévenir que guérir ! C’est pourquoi on a quand même un protocole en cas de besoin.

Voici notre approche en 3 niveaux :

1) Petit bobo ou symptôme bénin :
➡️ on commence avec nos remèdes naturels (huiles essentielles, tisane, repos, hydratation). On observe pendant 24h.

2) Infection ou douleur persistante :
➡️ on sort la pharmacie marine. On consulte notre manuel ou une ressource fiable, et on traite en autonomie s’il n’est pas possible de voir un médecin (par exemple, un antibiotique en cas d’infection urinaire avérée grâce aux bandelettes test).

3) Problème sérieux ou douteux :
➡️ on consulte à distance. Soit par téléconsultation, soit via les canaux radio maritimes (notamment si on est en haute mer). À l’arrivée au port, on cherche un professionnel.


Ce qu’on ne peut PAS gérer seuls : les urgences dentaires

C’est le gros point noir de la vie en mer : les dents.

Malheureusement, il n’existe aucun remède naturel ou médicamenteux vraiment efficace pour une carie, une rage de dent, ou une infection dentaire profonde.

On peut soulager avec des huiles essentielles mais dans ces cas-là, on n’a pas le choix : il faut trouver un dentiste au plus vite, même si cela signifie changer de cap ou s’arrêter plus tôt que prévu.

On essaie d’anticiper un maximum : visites de contrôle avant de partir, hygiène irréprochable à bord, et soins dès le moindre signal. Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu.

Comme cette fois, à La Línea, juste à côté de Gibraltar. Louna se plaint de douleurs.

Inspection rapide avec une lampe frontale à la maman-médecin-du-bord : une carie énorme sur une dent de lait. Aïe. Une vieille carie mal soignée en France et un brossage un peu… disons, enthousiaste mais pas toujours efficace, ont fait le reste.

Première mission : trouver un dentiste. Sauf qu’en Espagne, quand toi tu parles trois mots d’espagnol et que le dentiste en face t’en sert deux d’anglais, ça devient… folklorique. Merci Google pour la traduction en mode urgence médicale.

Mais miracle : un rendez-vous obtenu dès le lendemain. On souffle.
Mais non ! Le rendez-vous, c’était juste pour une radio… et un devis. Et le devis ? Deux options au menu : traitement de racine (?!?) ou arrachage. Sur une dent de lait !

Heureusement, un copain de bateau (un ancien dentiste en retraite), nous sauve la mise : il regarde la radio et déclare sans trembler :
« Faut l’arracher. Direct. »
Banco.

Et voilà notre Louna, courageuse, qui ressort avec un beau trou dans le sourire… et une bonne dose de soulagement.

Ce jour-là, on était près de la « civilisation ». Mais imagine si ça nous était arrivé en plein milieu de nulle part ? Autant dire que depuis, la trousse de secours dentaire a gagné quelques rangs dans nos priorités.

Moralité : préviens, anticipe, brosse… et croise les doigts.


Conclusion : entre autonomie et bon sens

Se soigner en bateau, ce n’est pas devenir médecin. C’est apprendre à faire face, avec sang-froid, aux petits comme aux plus gros tracas du quotidien.

Notre combo gagnant :

  • Une bonne formation de base
  • Une pharmacie complète, accessible et à jour
  • Des remèdes naturels qu’on connaît bien et qu’on utilise régulièrement
  • Du bon sens, de l’observation, et… un peu de tisanes et d’huiles essentielles
  • Et un peu de chance aussi

Si tu prévois de partir, on te conseille vraiment de te former un minimum, de t’équiper intelligemment, et de faire confiance à ton instinct. En mer, comme ailleurs, la santé passe souvent par la prévention, l’écoute de soi… et quelques gouttes d’huile essentielle bien choisies.

❓Foire aux questions (FAQ) – Se soigner en bateau

👉 Voici les réponses aux questions qu’on nous pose souvent à propos des soins à bord.

Que mettre dans sa pharmacie de bord pour un voyage en bateau ?

Pour une croisière en autonomie, il est essentiel d’avoir une pharmacie de bord bien équipée : médicaments courants (antidouleurs, antihistaminiques, antibiotiques prescrits), matériel de premiers soins (compresses, désinfectant, thermomètre…), mais aussi des traitements spécifiques selon les zones (médicaments anti-paludisme, anti-diarrhéiques). Une bonne trousse doit être adaptée à ton itinéraire et à ton équipage (enfants, allergies, etc.).


Peut-on se soigner naturellement en bateau ?

Oui, et c’est même souvent la première ligne de soin. Les huiles essentielles (lavande, tea tree, menthe poivrée…) et les tisanes médicinales sont très utiles à bord : elles sont efficaces, peu encombrantes et durables. Attention toutefois à bien te former pour les utiliser en toute sécurité, surtout avec les enfants.


Comment faire en cas d’urgence médicale en mer ?

En cas d’urgence en mer, il faut d’abord évaluer la gravité. Si possible, contacte un médecin à distance (VHF canal 16, téléphone satellite ou téléconsultation).
En attendant les secours, la pharmacie marine permet de stabiliser la situation (douleur, infection…).
Dans ce genr de situation d’urgence, chaque minutes comptes et c’est là qu’une formation comme « Médicale Grande Croisière » prend tout son sens pour pouvoir réagir efficacement.

Un dernier conseil ?

Comme disait le formateur pour le permis bateau de Jonathan :
En mer, il y a 3 règles :

Prudence, prudence, prudence !

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