Internet en mer : comment rester connecté à bord

Connexion internet en mer sur un voilier avec routeur

Notre retour d’expérience entre la Méditerranée et les Caraïbes : SFR coupé sans prévenir, Iridium trop lent, Starlink trop cher… mais on a trouvé des solutions simples et efficaces

Quand on a décidé de partir vivre sur un bateau, on s’imaginait les couchers de soleil, les mouillages tranquilles, les enfants qui plongent depuis l’annexe… et internet en un clic.

Naïvement, on pensait que l’internet en mer, c’était comme à la maison, en version plus nomade.
Mais ce n’est pas tout à fait ça. Et ça peut même virer au casse-tête quand tu travailles en ligne, fais l’école aux enfants, ou simplement si tu veux recevoir des nouvelles de ta famille sans passer ta journée à chercher une barre de réseau.

Alors aujourd’hui, je te raconte notre expérience, de la France jusqu’aux Antilles. Ce qu’on a testé, ce qui a fonctionné, ce qu’on ne referait plus jamais, et surtout les solutions qu’on a trouvées pour rester connectés, sans se ruiner.
Si tu veux comprendre comment gérer ta connexion internet en bateau, reste ici : je te dis tout.


Surfer sur les vagues…et sur internet : Oui, mais comment ?

Commençons par la technique. On aurait pu se contenter de nos portables, mais la portée du signal peut être un problème. C’est pourquoi nous nous sommes équipés d’un routeur 4G !

Routeur 4G pour l'internet en mer
Crédit photo https://digitalyacht.fr

Un routeur ? Kesako ? C’est un dispositif équipé de 2 antennes fixées au mât du bateau et d’un boitier électronique dans le bateau, dans lequel tu viens insérer 1 ou 2 cartes SIM. Cela te permet de capter les réseaux 4G des antennes de téléphonie, jusqu’à – sur le papier – 25 milles nautiques (environ 40 km).

Etant donné que les réseaux de téléphonie sont assez denses et pratiquement universels, c’était pour nous un choix raisonnable. De plus, c’est un dispositif conçu exprès pour le bateau, et donc optimisé pour cette utilisation, prenant en compte les contraintes de la mer et de l’économie d’énergie.

Nos débuts : une carte SFR et beaucoup d’illusions

On a quitté le sud de la France avec une carte SFR insérée dans le routeur, afin d’avoir le wifi au bateau. L’abonnement à 21 € la première année puis 33 € à partir de la deuxième année, pour 140 Go de data en France et 100 Go de data à l’étranger, nous paraissait plus que raisonnable.

Durant les trois premiers mois en Espagne, ça a très bien marché. Et puis, un matin : plus de réseau. Coupure nette, alors qu’on n’avait utilisé que la moitié du forfait.
On a découvert après coup que SFR applique une limitation d’usage en roaming passé plus de 3 mois hors de France (même si tu es dans l’Union européenne). Bien entendu, c’est écrit dans les petits caractères du contrat, mais pas stipuler clairement. C’est indiqué que tu as le droit à un usage raisonnable des datas à l’étranger… ni plus, ni moins.. on ne peut pas faire plus flou !

Le roaming, c’est quand ton téléphone ou ton routeur utilise un réseau étranger pour te connecter à Internet. Et comme la carte était dans le routeur, on n’a jamais reçu le SMS d’avertissement ! Enfin si on les a reçu, mais dans le routeur et ce n’est pas le truc que tu consultes tout les jours… sauf quand ça marche plus…😒

Résultat : connexion coupée + 60 € de frais supplémentaires qu’on n’a compris qu’en se connectant à notre espace client. En appelant le service client, le conseiller t’expliquera la notion vague d’usage raisonnable et te remerciera de ton appel mais que c’est comme ça…
Autant te dire que ça calme et qu’on a vite arrêté le forfait.

A lire aussi les autres galères financières qu’on a vécues… On te raconte tout ça dans cet article.


En route vers le Sud : les cartes locales, notre meilleure alliée

Après cette mésaventure, on a opté pour une solution simple : acheter des cartes SIM locales à chaque pays traversé.

En Espagne :

On a trouvé une carte SIM rechargeable chez Movistar.

Aux Canaries :

On a pu utiliser la même carte Movistar qu’en Espagne, car les îles Canaries appartiennent à l’Espagne !

Au Cap-Vert :

On a acheté une carte rechargeable de 7 Go pour 15 € en arrivant sur l’île de Sal. C’est drôlement cher pour pas grand chose comparé à l’Espagne, mais on s’est dit qu’on allait limiter l’utilisation d’internet pour l’essentiel (météo, itinéraires et messages à la famille) le temps de notre séjour, et recharger si besoin.

Puis en arrivant sur l’île de Sao Nicolau, impossible de faire fonctionner la carte, alors qu’il restait des datas. Notre premier arrêt, à Carriçal, petit village de pêcheur, on ne s’est pas inquiété plus que ça car l’endroit semblait perdu et on ne voyait aucune antenne aux alentours.

L’arrêt suivant, à Preguiça, nous mis la puce à l’oreille.
Nous étions arrêté dans une baie avec une belle antenne juste au dessus, il était donc impossible qu’on ne capte pas et pourtant, aucune barre de réseau !

Là, il y a un problème ! En cherchant dans les paramètres du routeur, Jonathan s’est rendu compte que la carte SIM de l’opérateur que nous avions achetée à Sal, n’est pas acceptée sur cette île ! Nous n’aurons pas le choix de racheter une nouvelle carte SIM rechargeable de l’opérateur présent sur l’île. Espérons que ce sera la dernière, car c’est toujours une aventure ! (on vous passe les détails!)

Une fois la carte en poche, on l’insérait dans notre routeur. Ça ne marchait jamais du premier coup… Jonathan devait à chaque fois bidouiller un peu pour ça marche. Mais au final, ça le faisait et surtout ça nous permettait de rester connecter à moindre frais, avoir accès aux mails et faire des visios avec la famille. Pour l’internet en mer, tant qu’on restait près des côtes, ça faisait largement le job.


La transat : là où les choses se corsent

Une fois passées les îles du Cap-Vert, c’était une autre histoire. En pleine transatlantique, loin de toute antenne, il ne reste qu’une option : le satellite. Et là, il n’y a pas 36 solutions !

  • Iridium : seul système qui couvre 100% du globe, établi depuis des années et utilisés par les navigateurs
  • Starlink, le réseau d’Elon Musk qui démocratise les communications satellite.

Comme Starlink n’était pas dans notre budget (ni vraiment indispensable, ça fait aussi du bien d’être coupé du monde, enfin presque), on s’est rabattus sur un Iridium GO. Autre critère, Starlink, dont c’était les débuts, n’était pas reconnu officiellement par les organismes de secours en mer.

Qu’est ce qu’on en penses ?

L’iridium GO fonctionne comme une box internet. Tu télécharges une appli dédiée sur ton portable et cela te servira à te connecter à ton Iridium, qui lui, se connecte aux satellites.

Bon, bien entendu, il ne faut pas s’imaginer surfer sur internet, regarder des vidéos et faire des visio-apéros avec les copains… non.

Iridium Go communication satellite en mer

Malgré cela, l’iridium était (à ce moment-là), LA solution. C’est un système qui avait fait ses preuves et donc fiable. Nous l’avons pris pour pouvoir télécharger les fichiers météos indispensables pour une navigation « sûre ».

De plus, il permet, en cas de besoin, de lancer un SOS avec géolocalisation pour alerter les secours. Autre point important, il est facilement transportable, et, en cas de naufrage, il peut être pris avec dans le canot de sauvetage.

Franchement ? Ça a fait le job mais ce n’était pas une partie de plaisir ! Le matériel coûte cher (autour de 1 200–1 400 €), l’abonnement mensuel est également très cher (autour des 200 €) et la vitesse est ridiculement lente (on parle de 2.4 Kb/s). C’est suffisant pour recevoir des fichiers météo, envoyer un e-mail texte, envoyer des SMS ou partager ta position… mais c’est tout. Oublie les appels, les visios, même WhatsApp est inutilisable.

Même les fichiers météo mettent des plombent à télécharger, pour en plus n’avoir qu’une petite zone à la fois. Un peu déroutant lorsque tu as l’habitude d’avoir une vision globale des conditions météorologiques.

Après quelques jours, c’est finalement un copain de bateau déjà arrivé en Martinique qui nous envoyait tous les jours un mail avec toutes les indications météo importantes. En complément des fichiers téléchargés, c’était top.


Aux Antilles : retour au confort numérique

Une fois arrivés aux Caraïbes, on a découvert une pépite : la carte Digicel. Une seule SIM, valable dans plus de 20 territoires (Guadeloupe, Martinique, Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Vincent, etc.), pour environ 30 €/mois en illimité.

On l’a insérée dans notre routeur, et on a pu se reconnecter facilement dans chaque île, sans avoir à courir après une nouvelle carte à chaque escale. En termes de rapport simplicité/prix, c’est une des meilleures solutions qu’on ait testées. L’internet en mer est redevenu fluide, stable, et on peut faire sans problème nos appels visio et tout ça en illimité !

Je ne dis pas que c’est sans faille, on vient d’expérimenter les coupures sur l’île de Saint-Vincent, mais peut-être qu’on n’a juste pas eu de chance.


Et Starlink dans tout ça ?

Tu t’en doutes, on a longtemps hésité. Le fameux Starlink est devenu l’option préférée de beaucoup de navigateurs depuis 2023, surtout avec les forfaits « Roam » et « Maritime ». Le kit standard coûte 349 € actuellement, et l’abonnement « illimité » pour les voyageurs est à 89 €/mois (source : Starlink). C’était plus cher au moment de notre départ.

Pour un usage au large, il faut passer sur l’antenne « High Performance », à 1800 € + 241 €/mois pour 50 Go (source : Starlink Maritime), ou prendre l’option standard et ajouter des gigas en option, utilisables en traversée.

De notre côté, le coût ne collait pas à notre budget. Mais si tu bosses à distance à plein temps, ou si tu fais l’école en visio tous les jours, ça peut valoir le coup.

De plus, l’antenne consomme beaucoup d’énergie, il faut être sûr d’avoir les panneaux solaires ainsi que les batteries adaptées pour supporter sa consommation.


Ce qu’on referait… et ce qu’on éviterait

Ce qu’on referait :

  • Prendre un bon routeur 4G.
  • Investir dans des cartes locales dès l’arrivée dans chaque pays, surtout en Europe et en Afrique.
  • Utiliser Digicel dans les Antilles, c’est simple et efficace.
  • Réfléchir sérieusement à prendre Starlink, si nous avions les capacités énergétiques.

Ce qu’on éviterait :

  • Utiliser une carte SFR à long terme.
  • Penser que l’Iridium suffit pour rester connecté : c’est trop limité, sauf pour la sécurité.
  • Sous-estimer sa consommation de data (les enfants en visio, ça explose vite les quotas !).

Internet en mer : notre combo idéal en 2025

Si on repartait demain, voilà notre stratégie :

  • Routeur 4G avec carte SIM locale + une SIM française dans nos téléphones, au cas où.
  • Une carte locale dans chaque pays (prévoir 20–30 €/mois).
  • Un abonnement Digicel pour les Antilles.
  • Une antenne et un compte Starlink prêt à activer, si besoin de connexion rapide et fiable en haute mer (ou non).

Pour les grandes traversées, style transatlantique / transpacifique :

  • Starlink en système principale pour les données météos et communications
  • Un Iridium GO en secours – au cas où – … on ne sait jamais !

Et si tu pars bientôt ?

Prévois ton matériel à l’avance, teste ton routeur avant de larguer les amarres, et surtout : n’attends pas d’être coupé du monde pour t’équiper. L’internet en mer peut devenir un vrai sujet de stress… ou une routine invisible. C’est ce qu’on a fini par construire, après quelques galères.

Et si tu veux recevoir notre check-list pour ne rien oublier avant un voyage :
👉 Indique ton prénom et ton Email pour qu’on puisse te l’envoyer de suite


Voilà. Tu sais maintenant comment on a géré notre connexion de la Méditerranée aux Caraïbes. Rien de parfait, mais assez pour travailler, apprendre, rester en lien et même regarder quelques séries sous les étoiles.

Et toi, tu fais comment pour l’internet en mer ? Tu penses partir avec Starlink ou rester en mode carte SIM ? Raconte-nous en commentaire, ça m’intéresse toujours de comparer les expériences.

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libre de le partager ! :-)

13 commentaires

  1. Merci pour ce retour ultra complet et concret Aurélia ! On sent le vécu à chaque ligne, et c’est précieux pour tous ceux qui préparent un départ en mer. J’ai apprécié la clarté de ton analyse entre les différentes solutions (routeur, SIM locales, Iridium, Starlink…). Vous avez vraiment trouvée un bon équilibre entre praticité et budget. Je garde précieusement ta stratégie 2025 comme référence, c’est exactement le genre d’info qu’on galère à trouver quand on débute. Bravo pour ce partage utile !

    1. Merci Edouard pour ton message !
      C’est exactement pour ça qu’on partage notre retour d’expérience : parce qu’avant de partir, on a galéré à trouver des infos concrètes, simples, sans jargon technique. Et on aurait bien aimé tomber sur ce genre d’article à l’époque 😅

  2. Article hyper utile pour les âmes nomades et les travailleurs du large 🌊 Merci pour tous ces retours d’expérience et ces infos concrètes. C’est fascinant de voir comment le monde numérique peut nous suivre même au cœur du silence marin. Et en même temps, ça me donne envie de questionner cette connexion permanente… Entre deux e-mails et articles au large, l’invitation à s’offrir aussi un vrai « offline » pour écouter ce que la mer a vraiment à nous dire…

    1. Merci Marie pour ton commentaire.
      C’est vrai que s’offrir un vrai « offline », comme tu dis, c’est une expérience rare… et précieuse. On l’a pleinement vécu pendant les 5 jours de navigation jusqu’au Cap-Vert, puis pendant les 18 jours de transatlantique. Il y avait bien un e-mail par jour envoyé à nos proches avec notre position, mais c’est tout.

      Et tu sais quoi ? On a redécouvert le plaisir de la lecture, les jeux de société en famille… et ces moments à simplement ne rien faire. Juste être là, ensemble, au rythme de la mer.

  3. La vie en bateau annonce toujours beaucoup d’aléas! Je le constate régulièrement en étant proche de propriétaires de péniches… Être un peu technicien aide aussi beaucoup! C’est sympa d’avoir traité ce thème car c’est un sujet très spécifique et un point à ne pas négliger quand on est digital nomade… Merci pour toutes ces infos et ces astuces, votre blog va devenir une vraie référence!

    1. Merci Sylvie !
      Tu as tellement raison, vivre sur un bateau, c’est apprendre à jongler avec les imprévus… et à devenir un peu technicien malgré soi 😅. Entre la connexion, l’électricité, l’eau, le vent… on ne s’ennuie jamais !

      C’est vrai que l’internet en mer, ça paraît secondaire avant de partir, et puis sur place on réalise à quel point c’est central quand on travaille à distance. Je suis ravie que l’article ait pu t’apporter des infos utiles, et encore plus touchée de lire que notre blog t’inspire.

  4. le sujet m’a vraiment intriguée.
    On se dit que si on part en mer, ce n’est pas pour se connecter mais il faut savoir assurer ses arrières sur tous les plans car en réalité on ne peut plus s’en passer de nos jours.
    Au moins c’est tres clair pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure. Bravo

    1. Merci Aurélie pour ton commentaire.
      C’est effectivement difficile de s’en passer aujourd’hui, surtout quand on travaille à distance ou qu’on fait l’école à bord.
      Mais c’est vrai aussi que quelques jours de vraie déconnexion font un bien fou. On réapprend à ralentir, à observer, à juste… être là.

  5. Merci pour cet article détaillé et honnête sur la connectivité en mer. J’ai particulièrement apprécié ton retour d’expérience avec SFR : « On a découvert après coup que SFR applique une limitation d’usage en roaming passé plus de 3 mois hors de France… » Ce passage met en lumière les pièges souvent invisibles des forfaits mobiles en itinérance. Ta solution de cartes SIM locales est pragmatique et bien adaptée aux navigateurs 🙂

    1. Merci Rémi pour ton message !
      Oui, c’est exactement ce genre de petite ligne en bas de contrat qu’on découvre… trop tard 😅.

      Les cartes SIM locales ont vraiment été notre meilleure option une fois en dehors de l’UE : simples, économiques, et souvent bien plus stables que ce qu’on imaginait.

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